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Le 15 août, les deniers militaires français de l’opération Barkhane au Mali viennent de quitter le pays. Cela ne sonne pas la fin des opérations françaises dans le Sahel pour autant. En revanche, c’est bien la fin de 9 ans de guerre contre les islamistes au Mali.
🎞️ On rembobine ?
En 2012, dans la région de l'Azawad (au nord du Mali) les Touaregs indépendantistes et les djihadistes ont uni leurs forces et réussi à conquérir la quasi-totalité de la moitié nord du pays. Plusieurs facteurs ont permis le succès de cette rébellion :
Les Touaregs sont un peuple éparpillé dans le Sahel entre plusieurs pays (Mali, Niger, Algérie, Libye). À plusieurs reprises au cours des dernières années (en 1962, 1990, 2006 et 2007), ils ont tenté d'obtenir une indépendance territoriale au nord du Mali ou au Niger, sans succès.
Les Touaregs étaient assez prisés comme mercenaires privés par le régime de Kadhafi en Libye. Lors de la chute du régime Libyen en 2011, beaucoup d'entre eux sont rentrés dans leur région d'origine, avec le petit stock d'armes volées qui va bien. Début 2012, les Touaregs sont donc mieux armés que pendant les autres tentatives indépendantistes.
Parallèlement, la guerre civile algérienne, entre le gouvernement et divers groupes islamiques a eu un impact important sur la radicalisation du Sahel. La guerre civile, de 1990 à 2000, a poussé les mouvements radicaux de plus en plus dans le sud de l'Algérie, dans la région limitrophe avec le Mali. C'est de cette façon que les mouvements Djihadistes du Sahel se sont implantés dans cette région. Les Touaregs sont donc mieux armés et ils ont l'appui de nouveaux petits copains, les djihadistes.
3ème effet kiss cool, dès le début de l'insurrection, l'armée malienne n'a pas trouvé meilleur moment pour réaliser un coup d'État et destituer le président élu. Les forces gouvernementales étaient donc totalement désorganisées et déconcentrées, ce qui n'a fait qu'empirer les choses.
🎖️ Et la France dans tout ça ?
La rébellion prend donc une ampleur considérable avec de nombreuses villes prises et presque la moitié du territoire occupé.
Dans leur partenariat avec les indépendantistes Touaregs, les djihadistes ont largement pris le dessus et ils commencent à imposer la charia dans certaines villes.
Fin 2012, le Mali était sur le point de basculer. En plus de la menace islamiste grandissante dans cette région, le nord du Mali est déjà une plaque tournante majeure de trafics en tous genres (armes, drogues, êtres humains). C’est un peu donc la panique à bord. 😱
François Hollande, alors président, décide que le changement au Mali, ce ne sera pas pour maintenant. Il a déclenché en janvier 2013 l'opération militaire Serval qui permet d'arrêter l'avancée des troupes rebelles au Mali.
Mi 2014, l'opération est remplacée par une mission régionale contre le terrorisme dans tout le Sahel appelée Barkhane.
🪖 Coups d’État ^2
Presque 8 ans plus tard, avec environ 5 000 hommes sur le terrain et un soutien logistique de plusieurs pays européens et africains, l’Armée française rentre pourtant à la maison.
Mi 2020, au milieu d’une crise politique, l’armée malienne menée par Assimi Goïta vire le président Ibrahim Boubacar Keïta et promet d’organiser une transition démocratique.
Le 24 mai 2021, le président de transition Bah N'Daw et le premier ministre de transition Moctar Ouane sont interpellés et poussés vers la sortie également. C’est un coup d'État dans le coup d'État.
Parallèlement, la junte au pouvoir décide de travailler avec le groupe paramilitaire russe Wagner tout en le niant.
Ce partenariat russe et l’incapacité de la junte militaire à organiser une transition démocratique ont fini de convaincre la France de se retirer du mali dès février 2022. Opération terminée ce 15 août 2022, comme le dit l’Armée Française ci-dessous.