🇾🇪 Le Yémen, une guerre qui n'intéresse plus personne ?
En début de semaine, l'ONU organisait une nouvelle édition de sa campagne de dons pour aider le Yémen. Le pays est dévasté par une guerre qui dure depuis plus de 6 ans. Alors que l’institution avait tablé sur une collecte de 3,85 milliards, elle n'a été que de 1,7 milliard de dollars. L'équivalent d'une "peine de mort" selon Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU.
On rembobine ?
Au début du XXème siècle, le pays était à l'origine divisé en deux : le nord sous l'Empire ottoman et le sud sous l'Empire britannique. Le nord devient par la suite une république arabe et le sud une république socialiste pro soviétique... On imagine l'ambiance lors de la réunification des deux pays en 1990. Le Yémen est donc un pays assez jeune avec déjà beaucoup de problèmes.
Dès 2004, une rébellion de grande ampleur démarre dans le nord. Bien que le pays soit majoritairement sunnite, la population chiite est tout de même assez grande (40%). Les Chiites du nord estiment être lésés en termes de pouvoirs économiques et politiques et entrent en conflit avec le pouvoir central. Leur meneur s'appelle Hussein Badreddine al-Houthi. Le mouvement de contestation a pris son nom (les Houthis) suite à son assassinat en 2004. Le conflit ne laisse aucun voisin indifférent. Les Iraniens (majoritairement chiites) sont soupçonnés d'aider les rebelles Houthis (également chiites). L'Arabie saoudite (majoritairement sunnite) bombarde les Houthis pour éviter que le gouvernement (également sunnite) tombe.
En 2011, la révolution des printemps arabes s'étend au Yémen. Les manifestants font chuter le président Saleh, en poste depuis 1990. En 2014, un projet de dialogue et de répartition des provinces échoue. Les Houthis reprennent leur offensive et transforment une rébellion régionale en une véritable guerre civile. Ils prennent la capitale Sanaa et étendent leur territoire jusqu'au golfe d'Aden, contrôlant ainsi tout l'ouest du pays. Le président Hadi, élu en 2012 suite au printemps arabe, fuit vers l'Arabie saoudite. Cette dernière, à la tête d'une coalition de plusieurs pays arabes, et également soutenue par les USA, commence à entrer sérieusement en guerre contre les Houthis.
L'Arabie saoudite pensait entrer dans une guerre rapidement gagnée. C’est raté, les combats n'ont quasiment pas cessé depuis et ils entrent dans leur 7ème année. Les rebelles contrôlent maintenant une bonne partie de l'Ouest, le gouvernement historique est en exil. Aujourd'hui, c'est à Marib, dernier bastion gouvernemental dans le nord du pays, que l'offensive des Houthis se concentre. Ils lancent également de plus en plus d'attaques de drones directement contre des cibles en Arabie saoudite. Début 2021, Joe Biden a annoncé retirer son support aux actions offensives menées par l'Arabie saoudite. Cette bonne nouvelle n'a malheureusement que peu de chances de faire asseoir autour de la table des négociations les forces gouvernementales et les Houthis.
La guerre du Yémen en quelques chiffres
Ou pourquoi l'ONU estime que c'est la plus grande crise humanitaire actuelle.
Plus de 110 000 tués au cours des 6 années de combats
Selon l'ONU, plus de 16 millions de Yéménites, (50% de la population) risquent d'être confrontés à la faim cette année
50 000 personnes sont déjà dans des conditions proches de la famine
1 million d'habitants touchés par le choléra
3,4 millions de déplacés
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