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L'information
Depuis plusieurs mois les Thaïlandais manifestent massivement contre le Premier ministre et contre un système politique de plus en plus oppressant. Ils formalisent trois demandes : la dissolution du gouvernement, la refonte de la constitution et l'arrêt des violences.
Le contexte
Depuis plus de 20 ans la vie politique thaïlandaise est rythmée par trois forces : Thaksin Shinawatra (businessman devenu homme politique autoritaire, populiste et populaire, rien que ça), ses opposants politiques (l'élite conservatrice) et l'Armée (plutôt contre Shinawatra). Lorsqu'un clan est élu, l'autre manifeste dans les rues jusqu'à bloquer le pays et vice-versa. L'Armée intervient une première fois en 2006, mais organise très rapidement de nouvelles élections. En 2014, après plusieurs mois de batailles pro et anti gouvernement dans les rues de Bangkok, l'Armée prend le pouvoir et cette fois ne le rend pas. Elle organise des élections plus ou moins libres en 2019 et le général Prayut Chan-o-Chan, chef du coup d'état, devient Premier ministre. Elle est pas belle la vie ?
Il y a également l'épineux sujet du Roi depuis 2016, date à laquelle Rama X succéda à son défunt père. La monarchie est extrêmement respectée en Thaïlande mais le nouveau Roi met la patience des Thaïlandais à rude épreuve : il habite quasiment toute l'année dans un hôtel à Munich, il a pris possession à titre personnel des actifs royaux qui étaient propriété de l'État, il multiplie les conquêtes féminines, humilie ses employés et il a même nommé son chien Air Marshall. Lors des dernières élections, il a également pris position pour le général Prayut Chan-o-Chan (All-in comme on dit au Poker).
En 2019, entre cet imbroglio politique et ce Roi pas comme les autres, le Parti Progressiste créé par un entrepreneur très populaire, Thanathorn Juangroongruangkit, a réussi à devenir la troisième force politique du pays. Ce parti anti-establishment représentait pour la jeunesse thaïlandaise un espoir de libéralisation et de modernisation politique du pays. Mais il est allé trop loin en s'opposant à un transfert de plusieurs unités de l'Armée vers la Garde Royale et il a été dissolu. De là, est née la première vague de manifestations de janvier 2020. Pendant toute la durée du confinement, la jeunesse thaïlandaise à continuer à s'activer sur les réseaux sociaux et la deuxième vague de manifestations massives a démarré dès le déconfinement, en juillet. Rien ne semble l'arrêter. Les demandes de réformes étaient, au départ, principalement politiques. Au fur et à mesure, le sujet de la réforme de la monarchie a fait son entrée dans les revendications.
Pourquoi c'est important
Premièrement parce que ces manifestations ressemblent à la révolution des parapluies à Hong Kong : la jeunesse qui s'oppose au pouvoir autoritaire lors de manifestations pacifiques. Deuxièmement parce que la Thaïlande possède une des lois de crime de Lèse-Majesté les plus dures au monde. Un des manifestants est actuellement interné en hôpital psychiatrique pour avoir porté un t-shirt avec en impression : "lost all faith in the institution of monarchy". Ces manifestations ouvertement contre la royauté sont une première en Thaïlande.
L'info qui vaut le détour
Rama X n'est pas du genre à suivre les modes mais plutôt à lancer la sienne : celle du crop top masculin. Ce n'est pas certain que celle-là prenne un jour mais, au moins, vous êtes prévenu.
Vous voilà briefé sur les évènements en Thaïlande et leur contexte.
Jean-Baptiste.