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Note de votre serviteur :
Pas de Marcopolo les deux prochains dimanches pour cause de vacances.
Fin janvier, nous avons commémoré les 50 ans du Bloody Sunday. C’est l’occasion de revenir sur le conflit en Irlande du Nord qui a duré plus de 30 ans au cœur de l’Europe moderne.
☘️ Deux pays pour le prix d’un
L’Irlande, une île principalement catholique, a été colonisée par l’Angleterre il y a plusieurs centaines d’années.
Au fil des ans, de nombreux colons protestants provenant d’Écosse et d’Angleterre, sont venus s’installer, essentiellement dans le nord de l’île.
L’installation des colons protestants n’a pas été sans impact pour les Irlandais, évidemment : terres confisquées et déportations en masse.
Les Irlandais ont fait plusieurs tentatives de révoltes, mais celle qui a le plus eu d’impact, c'est l’insurrection de Pâques en 1916. Ce soulèvement fut un échec, mais la répression britannique a été tellement violente qu’elle déclencha une vague de sympathie envers le mouvement indépendantiste irlandais.
Le mouvement indépendantiste a pris de plus en plus d’ampleur avec des actions de guérillas, de combats et de tensions politiques.
En 1921, les Britanniques sont fatigués de ce conflit qui n’en finit pas et signent le traité de Londres avec l’Irlande.
Le traité coupe l’Irlande en deux : le sud catholique devient un état indépendant. Le Nord divisé entre catholiques et protestants reste anglais.
Lorsque les Anglais ont décidé de la partition de l’île, ils ont veillé à sortir de l’Irlande du Nord trois comtés fortement catholiques pour que les protestants demeurent majoritaires.
Le nouvel État du nord est donc dirigé par des protestants pour une majorité protestante et la minorité catholique est clairement mise à l’écart : on lui enlève même le droit de vote.
🔥 La rébellion
Dans les années 60, les mouvements pour les droits civiques des catholiques prennent de l’ampleur en Irlande du Nord.
En 1969, des protestants attaquent une manifestation catholique et c’est l’étincelle. Des émeutes éclatent dans tout le pays, des quartiers se barricadent et organisent leur autodéfense.
Chaque camp s’enfonce dans la violence avec des groupes paramilitaires qui se créent du côté catholique et du côté protestant. L’Angleterre déploie l’armée, mais n’arrive pas à contenir la guérilla civile qui s’installe.
Les affrontements entre les deux camps ont duré 30 ans avec quelques faits plus marquants que d’autres :
Le dimanche 30 janvier 1972, l’armée britannique tire sur la foule pendant une marche pour les droits civiques. Treize personnes sont tuées. L’armée prétendait répondre à des tirs de l’IRA (un groupe paramilitaire catholique). C’est le fameux Bloody Sunday.
Le 20 juillet 1974, 22 bombes d’une branche dissidente de l’IRA font 9 morts à Belfast.
🧯 Maguy et Tony
Dans les années 80, des milliers d’activistes catholiques sont emprisonnés sans procès. Certains se lancent dans une grève de la faim pour protester, mais ne font absolument pas plier Margaret Thatcher. Nombre d’entre eux décèdent dans leur cellule dont Bobby Sands.
Tout au long du mandat de Thatcher, tout compromis avec les nationalistes catholiques sera refusé.
Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Tony Blair pour que la situation se débloque et aboutisse sur l’Accord du Vendredi Saint en 1998 : libération des prisonniers, désarmement des groupes paramilitaires, partage des pouvoirs entre les deux communautés. Il est validé à 70% par référendum.
La violence entre les deux communautés est depuis largement éteinte, mais régulièrement des émeutes éclatent.
Le Brexit a également ravivé certaines tensions puisque l’Irlande est restée en Europe alors que l’Irlande du Nord l’a quittée créant une situation ubuesque entre les deux régions d’une même île.