Cette semaine, le tribunal pénal international à La Haye a confirmé en appel la condamnation de Ratko Mladic. Il est reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre (oui, oui ça existe). Surnommé le Boucher des Balkans, il a notamment orchestré le massacre de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine.
Et c'est l'occasion de revenir sur cette guerre qui, il y a moins de trente ans, s'est déroulée tout près de chez nous.
🍯 Le melting-pot Yougoslave
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le royaume de Yougoslavie est occupé par l'Allemagne et l'Italie. La résistance est menée par un certain chef communiste Tito qui, peu à peu, reprend le territoire. En 1945, la Yougoslavie est de nouveau un territoire unifié avec 6 états fédérés : le Monténégro, la Serbie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Slovénie et la Macédoine.
Tito gouvernera le pays de manière autoritaire et sans réel contre pouvoir jusqu'à sa mort en 1980. Durant les années 80, en même temps que la crise économique s'aggrave, les revendications ethniques se font de plus en plus entendre.
Il faut dire que le pays est un vrai melting-pot avec 36% de Serbes, 20% de Croates, 9% de Bosniaques musulmans, 8% de Slovènes, 8% d'Albanais, 6% de Macédoniens. Mais surtout dans chacun des 6 états la répartition diffère avec une majorité souvent bien définie. Et la Bosnie-Herzégovine est un melting-pot dans le melting-pot, au centre de ces 6 états. Les musulmans sont les plus représentés mais avec seulement 43% de la population, les Serbes (Chrétiens orthodoxes principalement) représentent 31% et les Croates (Chrétiens catholiques) représentent 17%.
👋 Good Bye Serbie
En Serbie, où les Serbes sont très majoritaires (66%), Slobodan Milosevic, un chef de file très nationaliste est élu en 1986. Pendant que la Serbie rêve de dominer la coalition des 6 états, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance en 1991. Déjà les Serbes de ces deux pays protestent vivement, bien que très minoritaires. La Serbie tente d'employer la force pour garder ces pays dans l'État fédéral mais la communauté internationale s'oppose rapidement.
La Macédoine suit le pas et proclame également son indépendance. Puis vient le tour de la Bosnie-Herzégovine qui fait de même. Sauf que la majeure partie des Bosniaques musulmans et des Croates (60%) sont pour et que les Serbes sont totalement contre. Et ils sont une minorité proportionnellement plus importante que dans les autres états.
Dès l'annonce du résultat du référendum pour l'indépendance, les milices serbes de Bosnie-Herzégovine entrent en action et commencent le siège de plusieurs villes. Parallèlement le président Yougoslave (qui n'est plus composé que de la Serbie et du Kosovo) lance les opérations militaires en Bosnie pour appuyer les forces Serbes locales.
⚡ Le carnage
À partir de là, la guerre s'enclenche entre Serbes et Bosniaques. Les milices s'en prennent aux civils de chaque côté, avec une plus grosse force de frappe pour les forces serbes. Plus aucune limite à la barbarie : viols, tortures, camps de concentration, ... Comme un mécanicien serbe l'a confessé plus tard : « Nous avions l'ordre de tuer le plus de musulmans possible ».
Le summum a été atteint en juillet 1995 à Srebrenica, où sous le commandement du général Ratko Mladić, les forces Serbes ont tué 8 000 hommes et adolescents bosniaques. Ce massacre a été qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie à plusieurs reprises.
La communauté internationale, malgré son impuissance jusque-là (et surtout pendant le massacre) arrive tout de même à faire signer un accord de paix en 1995 avec un partage du pays en deux entités autonomes : la fédération de Bosnie-et-Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la république serbe de Bosnie (49 % du territoire et 30 % de la population).
La guerre a fait 100 000 morts et 1,8 million de déplacés. Les représentants politiques de l'entité autonome de la république serbe de Bosnie continuent régulièrement de nier l'existence d'un pays unifié et remettent en cause l'autorité centrale. Pas certain que ce soit la fin de cette histoire donc.
🌍 Le monde cette semaine
🇵🇪 Au Pérou, les résultats de l'élection présidentielle sont toujours trop serrés pour annoncer un gagnant. Pedro Castillo, candidat de la gauche semble avoir l'avantage contre Keiko Fujimori, la candidate de droite.
🇸🇻 Le Salvador a annoncé que d'ici trois mois toutes les entreprises devront accepter les paiements en crypto monnaie. En faisant cela, Nayib Bukele, le président du Salvador, cherche à faciliter l'envoi de fonds à moindres frais par les Salvadoriens de l'étranger. Ces transferts représentent un cinquième du PIB du pays.
🇨🇳 Dans son dernier rapport, Amnesty International a déclaré que les musulmans du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, vivaient dans un "enfer dystopique". Selon le rapport, les Ouïghours sont soumis à des internements massifs, à la torture, à l'endoctrinement et à la surveillance de masse. Relire le briefing sur les Ouïghours.
🇪🇹 L'ONU a déclaré qu'une famine sévissait en Éthiopie, et qu'au moins 350 000 personnes risquent de mourir de faim dans le Tigré, là où l'armée éthiopienne combat des groupes rebelles. Près de 2 millions de personnes ont été déplacées. Relire le briefing sur la guerre en Éthiopie.
🇷🇺 L'organisation d'Alexeï Navalny a été désignée hier comme "Extrémiste" par un tribunal de Moscou. La semaine dernière le tribunal avait préparé le terrain en indiquant que les associations déclarées comme telles ne pourraient pas présenter de candidats aux élections présidentielles prochaines. Relire le briefing sur Alexeï Navalny ou sur Poutine.