🧑🤝🧑 À Cuba, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de plusieurs villes pour demander plus de libertés, de nourritures et de médicaments. Dans un pays où la dissidence politique n'est pas du tout tolérée, ces manifestations sont inédites depuis plusieurs décennies. La crise sanitaire est visiblement venue à bout de la patience des Cubains, qui sont pourtant d'une résilience exemplaire depuis 70 ans. La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet a demandé la libération de toutes les personnes qui ont été arrêtées pendant les manifestations et a également demandé la levée de l'embargo qui pénalise principalement les Cubains, selon elle.
🇺🇸 Cuba n'a pas toujours été communiste, bien au contraire. Lorsque le pays obtient son indépendance à la fin du XIXᵉ siècle, les USA imposent rapidement une tutelle économique et politique. À tel point qu'à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement cubain de Fulgencio Batista est totalement gangrené par la mafia et les multinationales américaines. Dans les années 40 et 50, La Havane est un paradis pour les familles de la pègre new-yorkaise qui y opèrent casinos, hôtels et restaurants pour y blanchir leur argent sale de manière industrielle. Après une première tentative de révolution ratée en 53, le révolutionnaire communiste Fidel Castro, reforme une armée depuis son exil mexicain. Avec l'appui d'un peu plus d'hommes rencontrés sur place, dont Che Guevara, il réussit à renverser le gouvernement Batista en 1959.
🏭 Le nouveau gouvernement nationalise la quasi-totalité de l'économie. Les entreprises américaines sont confisquées et l'URSS devient le principal partenaire commercial. Les USA imposent un embargo total dès 1962 et l'URSS soutient financièrement le régime jusqu'à la fin des années 1980. Même si la vie n'était pas rose pendant ces 30 ans, la fin de l'Union soviétique a été un coup dur et a forcé Cuba a libéralisé légèrement l'économie (surtout touristique) pour capter des devises étrangères qui lui permettent d'acheter les besoins de première nécessité à 70% importés. En 2006, Fidel passe le pouvoir à son frère Raoul. Il ne change pas grand-chose aux recettes politiques et économiques de son grand frère. Avec l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, l'embargo s'apaise et les touristes américains reviennent enfin sur l'île. Les relations avec Donald Trump sont au contraire beaucoup plus tendues. Il renforce l'embargo économique de 247 nouvelles sanctions et les touristes américains désertent de nouveau l'île.
🦠 Cuba a donc attaqué la crise sanitaire avec beaucoup de difficultés économiques : un tourisme en berne et de moins en moins de soutien de la part du Venezuela qui lui-même est dans une mauvaise passe. La pandémie n'a fait qu'aggraver une situation déjà tendue. Avec le tourisme totalement à l'arrêt, l'économie a chuté de 10% en 2020. Le pays devrait également subir une inflation entre 400 et 500% cette année. Avec la pénurie de denrées de premières nécessités que l'État ne peut plus importer faute de devises étrangères, ce sont également les pannes d’électricité à répétition qui ont excédé la population. Les manifestations sont d'autant plus surprenantes que les opinions politiques divergentes ont été méthodiquement réduites au silence depuis des décennies. Aucun autre parti que le parti Communiste n'est toléré et des comités locaux de défense de la révolution font la traque aux dissidents. Raul Castro vient de lâcher les rênes du parti à Miguel Diaz-Canel il y a seulement trois mois. Ces manifestations sont donc peut-être la révolte qui vient définitivement fermer l'ère Castro à Cuba.
🌍 Le monde cette semaine
🇿🇦 En Afrique du Sud, les partisans de l'ancien président Jacob Zuma ont laissé éclater leur colère lors d'émeutes d'une rare violence. Plusieurs personnes ont été tuées et des centaines de magasins ont été pillés. L'ancien président a été emprisonné cette semaine suite à son refus de se présenter devant une commission enquêtant sur la corruption durant son mandat.
🇲🇲 En Birmanie, l'opposante Aung San Suu Kyi a fait l'objet de quatre nouveaux chefs d'accusation. Elle est détenue depuis le putsch de février, au cours duquel l'armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu. Relire le briefing sur la Birmanie.